La master class d’André Dussollier
Un moment drôle et émouvant, une nouvelle leçon de théâtre, celle d’André Dussollier
Retour sur cette rencontre par le récit de Zélie Teslar et Thomas Christin
L’audace a de la magie, de l’espérance, du génie.
Fin novembre. Mâtiné morne comme tant d’autres dans une petite rue méconnue du XVIIIème, une petite foule s’est rassemblée devant la petite porte d’une petite salle de théâtre. Elle attend l’arrivée d’un grand homme. Dans le bruissement discret du velours côtelé et le pas feutré des mocassins en cuir, il est là. La foule se presse, s’installe dans les gradins. Ça va commencer. Sur scène deux vieux amis se retrouvent observés par une centaine de jeunes émerveillés.
C’est le plus naturellement du monde que le dialogue commence. Un flot quasi ininterrompu – quoique ponctué de digressions – vient abreuver les oreilles avides des élèves touchés par la simplicité et l’humanité de ce géant du théâtre.
La campagne d’Annecy, des parents stricts et un film : les 400 coups de François Truffaut. Cette première rencontre avec le cinéma tracera son chemin. D’ailleurs quelle émotion ça a du être, des années plus tard de jouer pour l’homme qui l’avait révélé à lui-même ? Et pas n’importe qui : Truffaut quand même. Un digne héritage honoré par cet homme. Un comédien dont Truffaut disait qu’il était le seul à continuer à répéter son texte après qu’une voix ait crié « coupez » et que les moteurs se soient éteints.
Cet homme cache bien son jeu. Car à l’écouter ce fourbe : tout est simple, si évident, si facile, si légitime. Alors que, nous le savons, il est le premier à le dire, le travail reste la seule chose qui fera jamais la différence. La difficulté réside à trouver sa manière propre de travailler, d’aborder un texte, un personnage, puisque « l’acteur reste son propre metteur en scène ».
Cet homme est un exemple d’équilibre entre rigueur et créativité.
Cet homme donne espoir.
Cet homme rend les choses simples.
Cet homme sait faire pleurer et apprendre.
Cet homme sait faire rire et surprendre.
Cet homme sait enseigner (même s’il ne le sait pas encore).
Cet homme, vers qui tous nos cœurs se tendent pour exprimer un merci plus que sincère, ne sera pas oublié de si tôt.
Cet homme c’est André Dussollier.